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Emploi cadres : une embellie qui ne profite pas à tout le monde

Le dernier baromètre de l’Apec fait apparaître une reprise de l’emploi cadre dans certains secteurs à haute valeur ajoutée, mais également une persistance de l’inégalité salariale hommes-femmes et une dégradation des conditions d’emploi des jeunes cadres.

Si l’embellie constatée fin 2021 sur l’emploi des cadres après la période pandémique se poursuit, le ciel demeure encore nuageux, constate l’Apec dans son baromètre de l’emploi cadre d’avril 2022. Sur le papier, les chiffres sont bons : Avec 269 100 recrutements cadres réalisés en 2021, le marché retrouve presque son niveau d’avant-crise (281 300) et dépasse le volume d’embauches attendues (247 000 recrutements). Concrètement, si l’on ajoute ces 269 100 recrutements aux 55 900 promotions au statut cadre et que l’on en retranche les 261 500 sorties par démission, licenciement ou départ à la retraite (40 200), le solde de créations d’emploi est excédentaire de 63 500 postes de cadres créés, soit + 72% par rapport à l’annus horribilis 2020 qui avait vu la dynamique de l’emploi cadre touchée de plein fouet par l’épidémie de Covid-19.

Parmi les secteurs à fort recrutement, on compte essentiellement les services à forte valeur ajoutée, analyse l’Apec, en particulier les activités informatiques (21 % des recrutements), l’ingénierie-R&D (13 %) et les activités juridiques et comptables – conseil et gestion des entreprises (10%). Portés par la reprise, certains secteurs ont vu leurs recrutements dépasser le niveau d’avant-crise. C’est le cas de la banque-assurance (+15 % vs 2019) ou du secteur santé-action sociale (+13 %). D’autres secteurs, en revanche, font grise mine. C’est le cas de l’industrie du bois, papier, imprimerie (-30 %), de l’industrie automobile-aéronautique (-24 %) ou de la communication-médias (-20 %), Ceux-là « ont été très fragilisés et accusent une baisse des recrutements qui ne se résorbe pas », observe l’Agence pour l’emploi des cadres. Côté fonctions, sans surprise, les informaticiens ont été les plus convoités (23 % des recrutements). Aux côtés des commerciaux et des cadres d’étude-R&D, ils concentrent une importante proportion des recrutements de cadres en 2021 (55 %).

L’Agence appelle cependant à la vigilance, notamment sur l’emploi des jeunes cadres. Si la bonne santé apparente de ce marché (82 % des Bac+5 de la promotion 2020 occupent un emploi 12 mois après l’obtention de leur diplôme) a été tirée par l’alternance, les salaires proposés par les employeurs restent plutôt bas: à peine 30 000 euros par an pour la promotion 2020, qui apparaît comme la grande sacrifiée de la Covid-19. Elle s’accompagne d’un constat d’une inégalité hommes-femmes en matière de rémunérations de début de carrière (en moyenne 27 500 euros annuels pour les femmes contre 33 000 pour les hommes). Par ailleurs, 20 % des jeunes en poste considèrent leur emploi comme un « job alimentaire », et près d’un sur trois estime que leur travail n’est pas en phase avec leurs aspirations. Des disparités que l’on retrouve d’ailleurs plus tard dans la poursuite de carrière. En 2021, le salaire médian des cadres s’élève à 51 000 euros bruts annuels (vs 50 000 en 2018, 2019 et 2020), « soit un petit +2% en trois ans », note l’Apec. Cette relative stabilité s’accompagne de la persistance des inégalités femmes-hommes, dont l’écart de salaire ne se réduit pas. En 2021, les femmes cadres gagnent encore 15 % de moins que les hommes cadres et sont pourtant, en proportion, toujours moins augmentées que les hommes.

Auteur : Benjamin D’Alguerre

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