UNE BOITE À OUTILS POUR AMÉNAGER LES FINS DE CARRIÈRE :
« Cet accord est une boîte à outils dans laquelle le salarié pourra choisir tel ou tel paramètre s’agissant de sa fin de carrière », souligne Christian Le Corre, expert CFE-CGC durant la négociation. Le militant expose ci-dessous quelques-unes des nouvelles dispositions les plus significatives :
• Afin de permettre aux salariés qui le souhaitent et qui remplissent les conditions de départ à la retraite de partir de manière anticipée, un abondement équivalent à 25 % du nombre de jours cumulé dans le compte épargne-temps (CET) sera versé par l’entreprise avec un plafond de 25 jours.
• Les salariés ne seront plus obligés de partir en retraite dès l’obtention de l’âge légal et du taux plein : ils pourront disposer d’une année supplémentaire d’activité dans l’éventualité – toujours en vigueur aujourd’hui – où ils seraient concernés par la décote Agirc-Arrco (retraite complémentaire).
• La possibilité de racheter des trimestres (au maximum de 8 avec une aide de l’entreprise à hauteur de 2 500 euros par trimestre racheté) 3 ans avant de quitter l’entreprise, et donc de lisser fiscalement ces rachats. Par ailleurs, 2 trimestres pourront être monétisés dans le cadre du CET.
• L’engagement de l’employeur à favoriser le dispositif de retraite progressive, qui reste à l’initiative du salarié.
• La mise en place d’une formation à la retraite pour informer et accompagner les salariés à partir de 57 ans. « C’est une bonne chose sachant que sur le terrain, les RH sont souvent un peu loin de ces sujets, et que les salariés sont mal informés quand ils ne passent pas par les voies syndicales », analyse Christian Le Corre.
Si la CFE-CGC a obtenu gain de cause sur bon nombre de dispositions, elle aurait voulu aller plus loin concernant le temps partiel aidé. « Nous aurions souhaité allonger la période, limitée aujourd’hui à 30 mois pour les non-équipiers et 36 mois pour les équipiers », précise Christian Le Corre.
NÉGOCIATION À VENIR SUR LA RECONVERSION PROFESSIONNELLE :
Plutôt satisfaisant au final, l’accord ouvre qui plus est la voie à de prochaines négociations spécifiques concernant la reconversion professionnelle en interne, la formation et le mécénat de compétences. « Pour l’heure, ce sont davantage des engagements de la direction à travailler sur les embauches et le maintien dans l’emploi des seniors, selon Christian Le Corre. Il s’agira de permettre aux salariés, notamment ceux exposés à la pénibilité de certaines missions, de réorienter leur activité au sein du groupe en fin de carrière. » La direction de Safran a d’ores et déjà donné des gages aux syndicats, fixant par exemple l’objectif de recruter au minimum 10 % de salariés expérimentés en CDI pour ses recrutements sur la période 2023-2025.
En parallèle et en lien avec l’actualité sociale nationale, les organisations syndicales ont engagé une importante négociation sur le droit transitoire concernant les accords de fin de carrière en vigueur dans l’entreprise avec le recul de l’âge de départ à la retraite, et plus particulièrement pour les salariés impactés par la réforme (ceux nés après septembre 1961), déjà en inactivité et consommant leur CET.
ÉLECTIONS PROFESSIONNELLES : LA CFE-CGC BIEN PARTIE :
Concernant les élections professionnelles chez Safran programmées cette année dans la plupart des sociétés du groupe, le nouveau cycle électoral a parfaitement débuté pour la CFE-CGC qui a conservé sa première place dans la filiale Safran Aircraft Engines (12 000 salariés), avec une représentativité globale de 34,17 % tous collèges confondus et de 40,55 % auprès des techniciens, agents de maîtrise (ETAM), ingénieurs et cadres. « C’est une satisfaction et un résultat qui nous donne confiance pour la suite, indique Patrick Potacsek. On constate par ailleurs une remontée de la CGT au détriment de la CFDT. »
Mathieu Bahuet