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La CFE-CGC est cosignataire d’une lettre ouverte à l’Autorité des marchés financiers (AMF) contre le greenwashing dans le secteur financier. Secrétaire national à la transition économique, Nicolas Blanc livre son analyse.
AVEC UNE VINGTAINE DE PERSONNALITÉS DE LA SOCIÉTÉ CIVILE (CHERCHEURS, ÉCONOMISTES, ONG), VOUS AVEZ CO-SIGNÉ, AU NOM DE LA CFE-CGC, UNE LETTRE OUVERTE À L’AMF CONTRE LE GREENWASHING. POURQUOI CET ENGAGEMENT ? :
Il nous semble important d’aligner nos actes avec les engagements pris pour la transition écologique dont la finance durable est une des priorités identifiées. D’année en année, les dérèglements s’amplifient sous l’effet du changement climatique. Il n’y a plus de temps à perdre et nous devons accélérer cette transition écologique en mettant tout en œuvre afin de pousser les différents acteurs économiques et politiques à se mettre en cohérence avec ces enjeux. Nous sommes persuadés que les salariés et les organisations syndicales ont toute légitimité dans ce changement de modèle de croissance. Nous le devons pour les générations futures.
Prendre des mesures strictes et dissuasives pour sanctionner ces pratiques »
QUELLE EST LA PROBLÉMATIQUE SPÉCIFIQUE DU GREENWASHING DANS LE SECTEUR FINANCIER ? :
Aujourd’hui, on ne peut que constater qu’un grand nombre de fonds français ou internationaux, prétendument durables, continuent à investir dans de nouveaux projets fossiles. C’est inadmissible. Ils contribuent ainsi à l’expansion de ces énergies fortement émettrices de CO2 qu’il faut drastiquement réduire pour respecter les engagements de l’accord de Paris entré en vigueur en 2016, et limiter la hausse des températures à 1,5 degrés. C’est grave de trahir notre confiance en faisant croire qu’un verdissement de l’économie est en cours avec notre épargne salariale, ce qui est en partie faux ! La CFE-CGC tient à rappeler que les salariés, à travers leur épargne, veulent être partie prenante du changement. On ne veut donc plus être dupés et instrumentalisés par des acteurs peu scrupuleux. Nous demandons donc à l’AMF de prendre des mesures strictes et dissuasives pour sanctionner ces pratiques. Le greenwashing, ça suffit !
QUE FAIT LA CFE-CGC POUR LUTTER CONTRE CE PHÉNOMÈNE ? :
Avec mes équipes du secteur confédéral de la transition économique, nous agissons dès que nous le pouvons pour interférer en faveur de la transition écologique. La CFE-CGC a été par exemple la seule organisation syndicale à signer en 2023 la lettre ouverte à la Première ministre pour la refonte du label ISR (investissement socialement responsable) destiné à l’épargne salariale, en demandant des exigences fortes sur les énergies fossiles. La démarche a été entendue puisque le label publié a introduit des critères d’exclusion et notamment d’exclusion des sociétés impliquées dans les combustibles tirés du sous-sol. Nous avions aussi demandé l’introduction du principe de double matérialité, conformément à la nouvelle directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) sur la comptabilité extra-financière.
Ces actions syndicales s’inscrivent dans les nombreux travaux structurants menés par le secteur confédéral transition vers un monde durable piloté par Madeleine Gilbert. Grâce à ses équipes militantes, la CFE-CGC est engagée dans le développement durable et la RSE depuis plus de 10 ans. Nos revendications n’en sont que plus légitimes et nous demandons donc des actions fortes de la part de l’AMF. Au-delà des paroles, nous voulons des actes !
Propos recueillis par Mathieu Bahuet