Plus de deux mois après le coup d’envoi, le 19 janvier dernier, de la mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites, les organisations syndicales et de jeunesse ont organisé, mardi 28 mars, une dixième journée de manifestation avec des cortèges toujours copieusement garnis aux quatre coins du pays. « Le mouvement se poursuit et nous n’avons qu’un objectif : le retrait de la loi, a réagi hier soir François Hommeril, réélu président de la CFE-CGC, au micro de RTL. C’est quelque part le mandat que nous donnent la majorité des gens qui travaillent et qui expriment leur forte opposition à ce texte avec des millions de personnes dans les rues depuis des semaines. »
LE NOUVEL EXÉCUTIF CFE-CGC EN NOMBRE DANS LE CORTÈGE PARISIEN :
À Paris, le cortège CFE-CGC a été conduit par Jean-Philippe Tanghe, nouveau secrétaire général confédéral : « L’objectif est de faire tomber cette réforme le plus vite possible. Les manifestations montrent le soutien de la population à l’intersyndicale. Il faut absolument continuer pour que cette réforme soit abandonnée. » À ses côtés, Farida Karad, nouvelle trésorière nationale, a enfoncé le clou : « C’est la dixième journée de mobilisation et nous sommes plus motivés que jamais. Le gouvernement doit annuler cette réforme. » Même discours chez Christelle Thieffinne, une des neuf secrétaires nationaux du nouvel exécutif CFE-CGC : « Les salariés et les citoyens sont derrière nous, il n’y a pas de raison de s’arrêter tant que le gouvernement n’est pas prêt à nous recevoir. » Pour Maxime Legrand, lui aussi nouveau secrétaire national, « il est difficile de comprendre comment le gouvernement peut rester sourd à autant de détermination qui dure depuis des mois avec un tel soutien populaire ».
UN RENDEZ-VOUS À MATIGNON EN DÉBUT DE SEMAINE PROCHAINE :
Sur le sujet, les lignes sont peut-être en train de bouger puisque l’exécutif, après avoir d’abord opposé une fin de non-recevoir à une demande de médiation, a indiqué que les leaders syndicaux seront invités à Matignon en début de semaine prochaine pour un rendez-vous dont l’ordre du jour et le format restent à définir.
De son côté, l’intersyndicale a d’ores et déjà annoncé une onzième journée de mobilisation le jeudi 6 avril. « Après deux mois d’un mouvement social exemplaire et inédit depuis 50 ans, très largement soutenu par la population, et un parcours parlementaire chaotique, l’absence de réponse de l’exécutif conduit à une situation de tensions qui nous inquiète très fortement, fait valoir un communiqué commun. En ne répondant pas à la demande de retrait, en usant du 49.3, l’exécutif a fait le choix d’accentuer la crise démocratique et sociale. Dès le début, nos organisations avaient pourtant prévenu du risque d’explosion sociale que pouvait provoquer cette réforme injuste, injustifiée et brutale. »
Emmanuel Macron et son gouvernement s’arc-boutent sur une réforme injuste dont nous avons fait la démonstration qu’elle n’était pas nécessaire. »
Sur RTL, François Hommeril a lui aussi dénoncé l’impasse créée par un exécutif resté inflexible et sourd à la contestation sociale. « Emmanuel Macron et son gouvernement s’arc-boutent sur une réforme injuste dont nous avons fait la démonstration qu’elle n’était pas nécessaire. Depuis le début, l’intersyndicale fait assaut d’imagination pour essayer de trouver des portes de sortie. Souvent, les portes claquent mais ce n’est pas nous qui les refermons. L’intersyndicale a organisé et canalisé un mouvement social d’une ampleur sans précédent. Heureusement qu’on était là. »
Concernant la journée du 6 avril, l’intersyndicale « appelle à des rassemblements syndicaux de proximité définis localement et à une nouvelle grande journée de grève et de manifestations partout dans le pays ».
LES ORGANISATIONS SYNDICALES ONT SOLLICITÉ LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL :
Sur le terrain juridique, rappelons enfin que l’intersyndicale a officiellement interpelé le Conseil constitutionnel par un courrier commun transmis le 27 mars avec un argumentaire pour soutenir les saisines parlementaires contre le projet de loi de financement rectificative de la sécurité sociale (PLFRSS), le véhicule législatif choisi par l’exécutif pour faire passer sa réforme des retraites.
Mathieu Bahuet et Cecilia Escorza